Dessin, Motifs et Mutations

Restitution du workshop recherche 2024 par Karel Edmond, Michèle Stephan, Tobias Laborie, et Sogand Ganj étudiant.es de 4e et 5e année en DNSEP Design mention Design des communs.

Comment faire exister des pratiques traditionnelles à travers des outils numériques ? Comment les contraintes des machines et outils numériques engendrent des mutations formelles ?

Pour le développement d’un protocole de recherche nous avons utilisé la précision et le rendu graphique de la machine deux axes pour l’hybrider avec l’aspect visuel des tapis Kilim et le vocabulaire graphique de l’impression naturelle. Les tapis Kilim sont constitués de laine ou de coton tissé à la main, sans poils. Originaire du Proche-Orient, du Caucase, et d’Asie Centrale ces tapis existent depuis près de dix mille ans, une assertion appuyée par de nombreux vestiges archéologiques. Ils sont caractérisés par la représentation de motifs géométriques aux couleurs vives. Chaque motif sélectionné représente un symbole particulier que nous avons essayé de retranscrire dans une édition.

Après avoir réinterprété ces motifs sur Illustrator, nous avons créé des composition en tracé vectoriel pour déployer des motifs en série. Nous avons utilisé la machine à deux axes pour transférer ces motifs sur du papier puis sur du textile. La réactivation des formes du Kilim a été accompagnée par une recherche sur une encre naturelle à partir de peaux d’oignons dans le désir de faire coexister une technique traditionnelle et une approche écologique. L’encre est ainsi déposée dans un réservoir qui s’ouvre et se ferme de manière à déposer de l’encre sur la surface choisie.

Au cours de ce processus, nous avons constaté que le changement de hauteur de la buse permettait d’obtenir des résultats plus précis dans la reproduction des motifs. En ajustant cette hauteur, nous avons continué l’expérimentation pour optimiser la qualité du rendu final. Nous avons exploité la manière dont le plotter interprète le dessin que nous lui avons donné à exécuter. Mais ce qui nous intéressait, c’était surtout d’observer le résultat inattendu dû à l’inexactitude de la machine à reproduire les motifs. Un phénomène principalement induit par les limites et contraintes techniques de cette dernière. Au lieu de voir la forme produite comme imparfaite nous voulons la considérer comme une opportunité de pouvoir faire évoluer le motif. Ce processus témoigne de l’empreinte des outils numériques, des machines sur la création numérique.

Préparation de l’encre et de la machine